ACCUSEE pour AVOIR DIT

Comme beaucoup d'autres, j'étais au tribunal de Grande instance de Toulouse soutenir Céline BOUSSIE. Céline est cette lanceuse d'alerte qui a dénoncé les conditions insupportables de vie des enfants polyhandicapés accueillis à l'Institut Médico Educatif ( IME) de Moussaron dans le Gers. Ces conditions ont indignée la France entière qui les a découvertes dans une émission TV de la chaîne M6. Les plus hautes instances administratives les ont stigmatisées dans des rapports accablants. Mme CARLOTTI Secrétaire d'Etat au handicap de la précédente majorité a même nommé - décision rarissime - un administrateur provisoire pour assurer la gestion de cet établissement. Malgré cette accumulation de désaveux l'établissement s'est déclaré diffamé et celle qui a ouvert les yeux de tous se retrouvait hier sur le banc des accusés ! 
Ce fut, je le reconnais, une intéressante leçon que de découvrir à quels mauvais, et quelque fois indignes, arguments peut recourir celui qui reste enfermé dans ses certitudes . Intéressant aussi d'apprécier le talent des deux avocats chargés de défendre Céline BOUSSIE. Presque unanimement et comme soudain soulagée, la salle a apprécié leurs plaidoiries. Le Ministère Public n'ayant rien requis contre l'accusée, la décision incombe maintenant aux juges qui l'ont reportée en délibéré au 21 Novembre. Rien n'est donc fait mais une décision non favorable à l'accusée apparaît comme impensable et elle stupéfierait et indignerait tous ceux qui ont suivi depuis le début cette lamentable affaire. Lamentable eut égard aux raisons qui ont amené Céline à la dénoncer. Rappelons à ce propos combien cette attitude courageuse a bouleversé sa vie, lui faisant perdre son emploi, détruisant sa vie familiale , l'installant dans la précarité, la menant plusieurs fois devant les tribunaux où la valeur de ses accusations étaient contestée. L'émission de M6, si elle n'a pas malgré tout était déterminante ( tout se conteste y compris l'aveuglante vérité...), a néanmoins saisi la salle et le tribunal, démontrant la véracité des faits. Le point d'orgue de cette démonstration c'est son avocat qui l'a porté comme une estocade
quand, ne se recommandant plus du Droit, il a stigmatisé l'attitude indigne de l'accusation et rappelé que c'était l'humain qu'il fallait défendre et que dans cette affaire il avait été oublié. 
Céline BOUSSIE devrait donc sortir lavée de ces accusations indignes. Avec elle ce sont tous les lanceurs d'alertes qui se trouveront confortés dans une démarche qu'ils considèrent comme un devoir d'honneur et de dignité. 
Heureusement , l'affaire ne s'arrêtera pas là car les manquements graves et les dysfonctionnements sont à ce point insupportables qu'ils ne peuvent que libérer la parole de tous ceux, professionnels et familles, qui se sont tus par peur. Peur de perdre leur emploi pour les uns et peur de se voir refuser une place d'accueil pour leur enfant pour les autres. Car nous en sommes là dans notre beau pays de France. Heureusement, tous les établissements ne se conduisent pas de cette manière. Nombreux sont, néanmoins, ceux qui, pour des facilités d'accueil ou pour exercer un pouvoir qu'ils considèrent comme incontestable, décident de l'avenir d'un enfant en lui refusant l'accueil. A l'instar de ceux qui, par milliers, n'ont aucune affectation, ces enfants resteront dans leur foyer. Devant le drame que constitue cet état, les familles, presque toujours, donnent les gages qu'on attend d'elles, acceptent ce qu'on leur impose et entretiennent par cette soumission un climat délétère peu propice au changement.
A Moussaron la parole va peut-être, maintenant, circuler.